23/06/2016 |
Sébastien Chaize a démarré sa conversion bio il y a un peu plus d’un an. Photo J.D. |
« Quand je me suis installé, en 1997, il ne fallait pas me parler de bio ! » Sébastien Chaize a bien changé en vingt ans. Après ses études au lycée agricole Chervé à Perreux, l’agriculteur originaire de Parigny s’installe à Sail-les-Bains où il devient producteur de fromage de chèvres. Il possède 350 bêtes aujourd’hui. « On vend 10 % de nos fromages sur le marché de Roanne, 30 % à des affineurs Charolais AOP, et 60 % à des crémiers. Sur toute la France et un peu à l’étranger. Mais pas de grandes surfaces », insiste-t-il. Toute la transformation se fait dans sa ferme, Le Colombier.
« Ce qui a changé, c’est ma vision des choses »
Le déclic va se faire après un grave accident de la route survenu en 2006. Immobilisé pendant deux ans, Sébastien cogite : « J’ai eu le temps de réfléchir à ma vie personnelle et professionnelle. Ce qui a changé, c’est ma vision des choses. » Quelques années plus tard, après avoir établi un diagnostic avec la chambre d’Agriculture et l’Ardab, soutenu par sa femme Nathalie, il se lance dans l’aventure biologique. « Je me suis rendu compte que les produits et les engrais que j’utilisais n’apportaient finalement pas grand-chose. On se rapprochait du bio depuis plusieurs années. Ça s’est fait par étapes. On s’est dit c’est le moment. » Depuis un an et demi, les bêtes sont nourries en herbe et céréales bio. En plus de ses 40 hectares de terrains en conversion, Sébastien a récupéré il y a peu 40 hectares supplémentaires déjà convertis bio. Une aubaine. Ses porcs gascons, qu’il transforme sur place en charcuterie, devraient obtenir le label sans soucis d’ici un an. « Potentiellement, il faut deux ans pour passer en bio. » Reste à convertir ses fromages. « C’est plus compliqué pour les chèvres car le cahier des charges est très précis, notamment pour les pâturages. On verra d’ici novembre ou décembre s’il est possible de les faire convertir. »
« J’ai voulu sortir du rang traditionnel »
Heureux dans cette transition, Sébastien ne regrette pas son choix, malgré les difficultés : « J’ai voulu sortir du rang traditionnel. Ici, ce n’est pas très bien vu. On ne parlait pas du bio en formation ou entre professionnels, par rapport à aujourd’hui. » Ce sont ses convictions personnelles qui l’ont poussé à franchir le pas : « Je fais ça pour moi avant tout. Je n’ai pas eu à augmenter mes prix, mais économiquement, on n’a pas le droit à l’erreur. »
Pour Sébastien Chaize, déterminé à aller au bout de sa conversion, le passage au bio, « c’est une question de volonté ».
J.D.