29 juin 2016

La moitié du vignoble touchée par la grêle

29/06/2016
Vendredi, la moitié du vignoble de la Côte roannaise a été grêlé. Les viticulteurs les plus touchés vont demander des dérogations à l’État pour pouvoir acheter du raisin localement ou sur d’autres vignobles et compenser les volumes détruits par la grêle.

Les frères Pluchot ont traité, mardi matin, les vignes abîmées pour favoriser la cicatrisation. « Il faut sauver ce qui peut l’être et ne pas baisser les bras », témoigne Edgar. Photo Kevin TRIET
Villemontais, Saint-Alban-les-Eaux, Lentigny et Saint-André-d’Apchon sont les communes principalement touchées par l’épisode de grêle de vendredi soir. Si le phénomène n’a duré qu’une dizaine de minutes, les dégâts sont considérables puisque la moitié du vignoble est touchée. Les plus impactés sont le Retour aux sources des frères Pluchot, à Saint-Alban, dont 70 % à 80 % de la récolte future seraient détruits ; le Domaine de la Rochette, à Villemontais (50 %) ; le Domaine des Pothiers (50 %) ; Vincent Giraudon ; Claudy Néron (L’Eden du Muid) ; le Domaine Vial…

Acheter du raisin ailleurs


Certains sont assurés comme le Domaine de la Rochette. « Mais ça ne remplace pas les volumes perdus », souligne Pascal Néron, qui précise que des démarches sont entreprises pour « pouvoir acheter de la vendange localement ou ailleurs », ce qui est interdit quand on n’est pas négociant. Il faudra, pour cela, obtenir des dérogations auprès des services des Douanes. Sur la Côte roannaise, ce sera probablement difficile de trouver le raisin nécessaire et les vignerons qui en ont besoin devraient s’orienter vers d’autres vignobles. Edgar Pluchot, du Retour aux sources, indique qu’il pourrait se tourner vers celui de Saint-Pourçain-sur-Sioule. Le vin serait alors vendu sous l’appellation Vin de France. C’est un besoin quasi vital pour cette exploitation qui n’était pas assurée et dont les deux prochaines récoltes seront affectées. Elle ne peut se permettre, l’an prochain, de n’avoir que 10 000 bouteilles à vendre « alors qu’on a largement le potentiel pour en vendre 40 000 ». Pour faire face aux problèmes de trésorerie, il réfléchit avec son frère Marc-Antoine à la possibilité de faire entrer des personnes au capital de la société pour avoir des fonds. Car si le chiffre d’affaires a été triplé en 7 ans, la société est encore très endettée, en raison des investissements. Roannais agglomération va étudier les aides possibles qui pourraient être apportées et appuiera les demandes des vignerons auprès des banques pour « un report des dettes et auprès de la MSA un gel des cotisations », explique l’élu Pierre Devedeux. Malgré les dégâts causés par la grêle, ils ne pourront faire l’objet d’une déclaration de catastrophe naturelle, « car la grêle est quelque chose qui s’assure, explique le sous-préfet Christian Abrard. Ou il faudrait que les ceps aient été touchés et que les productions des années futures soient compromises… »

Pour limiter les dégâts, les vignerons traitent les vignes grêlées pour cicatriser les plaies. Certains utilisent du cuivre, d’autres des tisanes de valériane et d’arnica, comme Romain Paire, en agriculture biodynamique. Mais le vent et le temps sec des derniers jours font également du bien.

Kévin Triet.

Les maraîchers ont aussi souffert

29/06/2016
Maraîcher à Ouches, Julien Buffard a subi beaucoup de pertes. Photo Kevin TRIET
La grêle a fait aussi d’importants dégâts chez les maraîchers. À la ferme des Millets à Ouches, les deux maraîchers installés depuis mars dans l’espace test ont perdu tout ce qui n’était pas sous serre : courgettes, carottes, pommes de terre, oignons, courges, choux… « Le problème, c’est qu’on a les légumes de saison qui sont touchés, mais aussi ceux d’hiver », indique Julien Buffard, qui a replanté dans l’urgence ce week-end. Son collègue Adrien Maréchal a transformé les légumes abîmés dans l’urgence en bocaux et conserves. Malgré ce coup dur, il a été décidé de maintenir l’inauguration du point de vente à la ferme prévu dimanche de 17 à 21 heures, « avec un appel aux soutiens ». Sur la ferme, les serres ont aussi été endommagées. À Chérier, Lilian Marconnet a également eu de grosses pertes sur ses récoltes maraîchères mais aussi de fruits rouges : 80 kg de fraises et il espérait récolter dans les semaines à venir 200 kg de framboises. « Quand on voit les heures de boulot que ça représente, effacées en dix minutes… »

Kévin Triet.

23 juin 2016

L’agriculture biologique se développe et cultive sa différence

23/06/2016

Le bio séduit de plus en plus d’agriculteurs dans le Roannais. Après le printemps bio qui vient de s’achever, rencontre avec quelques spécialistes locaux.

La place du Marché compte une dizaine de producteurs bios dont les produits font fureurs auprès des consommateurs. Photo Jérôme DELABY
« C’est une agriculture qui bouge dans le Roannais », assure Isabelle Janin. Cette éleveuse de vaches latentes, de limousines et d’ovins basée à Fourneaux, travaille en bio depuis 25 ans. En compagnie de Samantha Le Floch, agricultrice bio à Les Noës, spécialisée dans l’élevage ovin et caprin depuis 10 ans, elle copréside l’association Vivre Bio en Roannais.

Forte de 150 adhérents, composée d’un tiers d’agriculteurs et de deux tiers de consommateurs, l’association, en lien avec l'Ardab (Association Rhône-Loire pour le développement de l’agriculture biologique), a pour objectifs de développer l’agriculture bio sur le territoire et d’apporter un dynamisme de changements de consommation alimentaire.

" Une très forte progression du bio "

« Il y a une très forte progression du bio, avec beaucoup de petits agriculteurs », reprend Isabelle Janin. En 2012, 1,8 % de la surface agricole était dédiée à l’agriculture biologique, pour une quarantaine d’agriculteurs. Aujourd’hui, la surface est passée à 3,8 % pour environ 80 agriculteurs, selon les chiffres de l’Ardab. Toujours en 2012, il n’y avait que 5 maraîchers bios. Aujourd’hui, on en compte 15 sur l’arrondissement de Roanne. Sur la place du Marché, ils sont une dizaine tous les vendredis matin, à vendre leurs produits bios comme des petits pains.

Pain, viande, fromage, légumes... 

Justement, du pain bio, il y en a, entre autres. Tout comme de la viande, du fromage, du lait, des légumes, des plantes aromatiques, de la charcuterie ou des huiles végétales. Parmi ces agriculteurs locaux, certains ont reconverti leur ferme en bio, ou sont en phase de reconversion. « Par convictions », disent-ils.


Environ 80 producteurs qui souhaitent convertir leur exploitation en bio

Un cheval de bataille de Vivre Bio en Roannais : « Entre le Rhône et la Loire, environ 80 producteurs sont en diagnostic avec la chambre d’Agriculture pour convertir leur exploitation en bio. Le Roannais est un territoire d’élevage, et les producteurs, qu’ils soient de côte roannaise, de viande, de lait ou maraîchers, sont prêts à se convertir. »


Des freins à l’installation de jeunes agriculteurs bio subsistent néanmoins. « Malgré la présence du lycée agricole Chervé ou de la MFR (Maison familiale rurale, N.D.L.R.) dans le Roannais, la formation en bio n’est pas assez poussée à mon sens. Et puis, évidemment, le foncier n’incite pas les jeunes à s’installer. »

Jérôme Delaby.

La conversion en bio, « une question de volonté »

23/06/2016
Sébastien Chaize a démarré sa conversion bio il y a un peu plus d’un an. Photo J.D.
« Quand je me suis installé, en 1997, il ne fallait pas me parler de bio ! » Sébastien Chaize a bien changé en vingt ans. Après ses études au lycée agricole Chervé à Perreux, l’agriculteur originaire de Parigny s’installe à Sail-les-Bains où il devient producteur de fromage de chèvres. Il possède 350 bêtes aujourd’hui. « On vend 10 % de nos fromages sur le marché de Roanne, 30 % à des affineurs Charolais AOP, et 60 % à des crémiers. Sur toute la France et un peu à l’étranger. Mais pas de grandes surfaces », insiste-t-il. Toute la transformation se fait dans sa ferme, Le Colombier.

« Ce qui a changé, c’est ma vision des choses »

Le déclic va se faire après un grave accident de la route survenu en 2006. Immobilisé pendant deux ans, Sébastien cogite : « J’ai eu le temps de réfléchir à ma vie personnelle et professionnelle. Ce qui a changé, c’est ma vision des choses. » Quelques années plus tard, après avoir établi un diagnostic avec la chambre d’Agriculture et l’Ardab, soutenu par sa femme Nathalie, il se lance dans l’aventure biologique. « Je me suis rendu compte que les produits et les engrais que j’utilisais n’apportaient finalement pas grand-chose. On se rapprochait du bio depuis plusieurs années. Ça s’est fait par étapes. On s’est dit c’est le moment. » Depuis un an et demi, les bêtes sont nourries en herbe et céréales bio. En plus de ses 40 hectares de terrains en conversion, Sébastien a récupéré il y a peu 40 hectares supplémentaires déjà convertis bio. Une aubaine. Ses porcs gascons, qu’il transforme sur place en charcuterie, devraient obtenir le label sans soucis d’ici un an. « Potentiellement, il faut deux ans pour passer en bio. » Reste à convertir ses fromages. « C’est plus compliqué pour les chèvres car le cahier des charges est très précis, notamment pour les pâturages. On verra d’ici novembre ou décembre s’il est possible de les faire convertir. »

« J’ai voulu sortir du rang traditionnel »

Heureux dans cette transition, Sébastien ne regrette pas son choix, malgré les difficultés : « J’ai voulu sortir du rang traditionnel. Ici, ce n’est pas très bien vu. On ne parlait pas du bio en formation ou entre professionnels, par rapport à aujourd’hui. » Ce sont ses convictions personnelles qui l’ont poussé à franchir le pas : « Je fais ça pour moi avant tout. Je n’ai pas eu à augmenter mes prix, mais économiquement, on n’a pas le droit à l’erreur. »

Pour Sébastien Chaize, déterminé à aller au bout de sa conversion, le passage au bio, « c’est une question de volonté ».

J.D.

Sensibiliser au bio

23/06/2016
Isabelle Janin et Samantha Le Floch, co-présidentes de Vivre Bio en Roannais. Photo J. D.

Le bio accessible pour tous

« Le bio, ce n’est pas que pour les bobos ! » En reprenant cette phrase prononcée par le Président de la République lors de l’inauguration des nouvelles Halles du marché de Rungis, en mai dernier, Isabelle Janin espère bousculer les habitudes alimentaires des personnes en condition de précarité : « Les aliments à bas prix sont très mauvais pour la santé. Ce sont souvent les personnes en difficulté budgétaire qui les consomment. On aimerait que ces gens s’approprient une autre alimentation. »

Vivre Bio en Roannais mène des actions de sensibilisation et d’apprentissage autour de l’agriculture biologique avec les CCAS (centre communal d’action sociale) et les MJC (Maison des jeunes et de la culture). « Il y a de nombreux projets de recherche sur la qualité alimentaire dans le Roannais. » Samantha Le Floch a, elle aussi, quelques pistes de valorisation : « Nous avions travaillé dur pour essayer d’intégrer le bio dans la restauration collective. Nous avions un petit peu relâché l’idée ces dernières années. Il faudrait inciter à redévelopper le projet. Ainsi, nous pourrions redistribuer du bio au niveau local. »
-------------------------------------------------------------------------------------------
PRATIQUE Les principaux commerces bio à Roanne : La P’tite Maison du Bio ; La Vie en Herbes ; Nature et Vie. À Mably et au Coteau : La Vie Claire. À Renaison : Pré d’Ici.
-------------------------------------------------------------------------------------------

Permaculture bio : « une autre façon de produire »

23/06/2016

Corine Duperron, agricultrice à Belmont de la Loire  Photo Stéphane Domur
Corinne Duperron, agricultrice spécialisée dans les volailles à Belmont-de-la-Loire, est rattachée à l’association Vivre bio en Roannais et la Maison de la Semence de la Loire. Elle utilise dans sa ferme des semences anciennes potagères pour sa propre consommation. Depuis janvier, elle encadre des ateliers de plantation au sein des jardins partagés, notamment celui initié par le centre social Marceau, “Aux Trois Cabanes”, dans le quartier Mulsant à Roanne. « L’idée est de tendre vers un jardin sans labour, bio et respectueux de l’environnement. L’objectif second est de produire collectivement des semences en protégeant la biodiversité et ainsi accéder à une autonomie alimentaire en retrouvant la diversité de goût et de vraies qualités nutritives. Ce jardin est né de la volonté de créer un collectif d’habitants-jardiniers soucieux de partager et d’échanger leurs connaissances de façon conviviale, citoyenne et dans un esprit écoresponsable. Je leur apporte quelques clés pour que ce jardin colle au mieux à l’esprit permaculturel, en les sensibilisant sur l’importance du choix de la semence et sur d’autres façons de produire ses propres légumes et fruits de saison. Je m’appuie sur la grainothèque située au local “Entrepote”, rue de Clermont. J’apprends le choix des graines, d’autres façons de produire ses propres légumes et fruits de saison. L’objectif final étant l’autonomie totale de ces jardins entretenus par les habitants. »

La permaculture est une démarche qui prend peu à peu sa place dans le paysage agricole français, par les amateurs comme les professionnels. Le principe s’inspire de l’écologie naturelle, pour garantir une agriculture prenant en considération la biodiversité de chaque écosystème. Elle ambitionne une production agricole durable et très économe en énergie.

Stéphane Domur.

18 juin 2016

Graine de communicants à l’IUT de Roanne

Samedi 18 juin 2016
Vivre Bio en Roannais (Bernard Crouzier, Irène Jonard, Colette Roussel) et les étudiants, (Leny, Yasmina, Lucas, Mathilde et Cassandra). © GREGOIRE Philippe
La 12e cérémonie des Spots d'or de l'IUT de Roanne a consacré les étudiants de 1ère année techniques et commercialisation. Vivre bio en roannais a fait un carton.

« La particularité de l'IUT est d'entretenir un lien étroit avec le monde économique, associatif et institutionnel », a déclaré le directeur de l'IUT de Roanne, Nabih Nejjar, en ouverture de la cérémonie. Jeudi dernier, au cinéma du Grand Palais, les 106 étudiants ont montré leurs plans de communication sur les trois supports imposés : affiche, vidéo et audio.

Le jury, les partenaires, les étudiants et les commanditaires (16 au total) ont applaudi les projections des travaux avant de connaître le verdict final. L'association Vivre bio en roannais a été placée en tête de liste grâce à l'équipe des cinq étudiants qui ont travaillé toute l'année. En raflant les prix du meilleur slogan (« C'est quand on est jeune, qu'on est bio »), de la meilleure affiche, de la meilleure vidéo, du meilleur plan de communication et de la meilleure actrice (Mathilde Jeandaine), l'association Vivre bio en Roannais s'est réjouie d'avoir fait confiance à cette équipe. « Et dire que nous avons rencontré Mathilde dans un covoiturage en provenance de Paris, s'est souvenu Colette Roussel, secrétaire de l'association, et que nous avons été conviés à la première réunion au Mac Do… Pour nous, les spécialistes du bio, cela avait mal démarré ! Notre commande a été orientée vers l'humour et le résultat est très sympa ». Un rap sur les produits bio a été proposé par l'équipe, il fallait oser. « C'est parti d'une blague de Mathilde qui a improvisé un petit rap », a expliqué Lucas. Le tour était joué et bien joué.

è Palmarès. Les autres lauréats de la soirée : Coup de C'ur Ophélie et Catherine (attribué par l'équipe pédagogique de l'IUT de Roanne) : Les chapeaux Traclet. Meilleur concept : Achetez en roannais. Meilleur spot radio : Achetez en roannais. Meilleur acteur : Baptiste Sanchou. Prix du public : Couleurs sports et montagne