27 février 2015

La CoPLER aide les agriculteurs à devenir bio, s'ils le veulent

Vendredi 27 février 2015
Établis à Saint-Symphorien-de-Lay et Fourneaux, Marc Dumas et Isabelle Janin ont expliqué leur parcours aux agriculteurs venus se renseigner sur la mutation. © photo M.D.
Une quinzaine d'exploitants agricoles se sont renseignés sur l'aide au diagnostic de conversion au bio proposée par la communauté de communes du Pays d'entre Loire et Rhône.
La proposition est simple. La CoPLER finance, en partie, le diagnostic de conversion à l'agriculture biologique (AB) pour dix exploitants de son territoire. Pas d'obligation de mener la mutation à son terme, il s'agit là « d'une étude de faisabilité ». Pas de remboursement si la ferme ne peut pas se mettre au bio. Car bien évidemment – la phrase sera répétée à plusieurs reprises lors de la réunion –, « tout le monde ne peut pas procéder à la conversion ».

Malgré ce constat, une quinzaine d'agriculteurs dits « conventionnels », sur les 320 que compte la CoPLER, sont venus se renseigner lundi après-midi. L'offre d'évaluation des conditions de conversion à l'AB intéresse. Dans la salle, les questions fusent. Le but est de savoir si le passage au tout biologique est rentable, pas trop contraignant. Face à eux, Sandrine Malzieu de l'Ardab (*), Stéphane Babe de la chambre d'agriculture de la Loire et Jean-Marc Giraud, vice-président de la CoPLER. Mais également deux paysans ayant procédé à la mutation de leurs exploitations, Isabelle Janin en 1992 et Marc Dumas en 2009.

« Il faut apprendre à faire confiance à son troupeau, à sa pâture »
Pour eux, il est avant tout question d'autonomie alimentaire, de réduction d'achats des intrants, d'adaptation technique. De « prise de risque » aussi. Car Marc Dumas, éleveur de laitières croisées Holstein, Montbéliarde et Rouge suédoise à Saint-Symphorien-de-Lay, l'admet : « Rien n'est figé. Il faut apprendre à faire confiance à son troupeau, à sa pâture, le raisonnement est autre. Je teste beaucoup depuis ma conversion. » Un aveu qui ne manque pas de faire réagir dans la salle. « C'est vrai que tu passes plus de temps dans ton tracteur, ça te fait polluer autrement, non ? », lui lance un agriculteur, un brin sceptique. Marc Dumas en convient : « C'est vrai que je brûle plus de gazole mais je me rattrape sur la rotation des cultures et je n'ai plus de résidu au sol ». Et économiquement, « comment tu t'en sors ? », abonde un autre exploitant. Là encore, en toute honnêteté, l'éleveur bio concède que « la phase de conversion (de deux ans, NDLR) n'a pas été évidente mais aujourd'hui, mon excédent brut d'exploitation progresse. Le rapport est intéressant dans la mesure où je n'achète quasiment plus d'aliment ».

Viennent ensuite les interrogations primordiales sur les débouchés qu'offre le système. « Il en existe autant en circuit long qu'en court », rassure Isabelle Janin, qui valorise 80% de sa production, entre autres de viande de mouton et de vaches limousines, en vente directe depuis Fourneaux. « Mais quelle est la part du consommateur prête à faire une autre démarche que celle de pousser son caddie dans un hyper ? », insiste un participant. « Le vivier de consommateurs existe, témoigne encore Isabelle Janin. Après, pour le relancer, il faut créer une nouvelle dynamique, communiquer sur ce qu'on produit pour réapprendre aux gens à manger autrement et local. »

Des explications rassurantes et constructives visiblement, puisque deux paysans au système conventionnel se sont annoncés intéressés par le diagnostic en fin de réunion. Les autres ont tout 2015 pour se manifester auprès des services de la CoPLER.

« Le bio ne doit pas exister en dénigrant le conventionnel? »
Parmi les agriculteurs présents à la rencontre, certains se sont inquiétés de « l’opposition » entre les agricultures. « Le bio ne doit pas exister en dénigrant le conventionnel, comme cela a parfois été le cas », a dénoncé un participant. « Il y a de la place pour les deux systèmes », l’ont rassuré Isabelle Janin et Marc Dumas, dont les exploitations sont certifiées AB. « On n’est pas fermés ni sectaires, on travaille avec des conventionnels et on sait, de toute façon, que tout le monde ne peut pas produire ni acheter bio », ont-ils ajouté. L’Ardab(*), la Chambre d’agriculture et la CoPLER ont abondé en leur sens, en précisant qu’ils ne visaient pas « forcément 100% de conversions » pour le territoire mais le bien « 100% de réussite » des mutations vers le bio. Une nuance d’importance.

(*) Ardab : groupement des agriculteurs bio de la Loire et du Rhône.

Margaud Déclemy.